Présidé par Simon Matthey-Doret et composé de Francine Cellier, Noëlle Corboz, Olivier Français, Sissigno Murgia et François Perraudin, le jury du Grand Prix du livre de la montagne a choisi de récompenser à la quasi unanimité cette année la bande dessinée «Ailefroide – Altitude 3954» (éd. Casterman), scénarisée par Olivier Bocquet et Jean-Marc Rochette et dessinée par Rochette.
Qu’est-ce qu’un bon livre de montagne? Sa trame doit-elle répondre à certains critères précis, tout comme son style ou encore son iconographie? Et si au fond il n’y avait pas de règle, à part celle de la force du récit? C’est le point de vue adopté par le jury du Grand Prix du Livre du FIFAD. «Ailefroide» est un ouvrage de près de 300 pages, autobiographique et vertigineux, racontant la naissance d’une passion dévorante pour la haute montagne dans les années septante. Son auteur, le Grenoblois Jean-Marc Rochette est un maître du neuvième art, à l’origine notamment d’«Edmond le Cochon», et, surtout, du «Transperçeneige», une BD de S.F. postapocalyptique, adaptée en 2013 par le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho. Nulle trace d’apocalypse dans «Ailefroide» mais une histoire de découverte de soi à travers l’alpinisme, et à la fin, de renoncement. Une histoire d’abîme et de mise en abyme.
La face nord d’Ailefroide, un sommet de 3954 mètres d’altitude situé en Oisans, ne sera jamais gravie par Rochette, qui en nourrissait pourtant l’ambition dans ses jeunes années. La faute à un terrible accident, une pierre tombée sur son visage lors d’une autre ascension, qui lui arrachera la mâchoire et lui brisera le moral. Fini le rêve de devenir guide de haute montagne, place à l’éclosion de son autre talent, le dessin, dont il fera son métier.